« Mais il existe bien un lien de cause à effet entre la passion de mon père et ce que je fais aujourd’hui », explique-t-il. « Il y a une trentaine d’années, mon papa allait au festival de musique néerlandais Pinkpop pour cuisiner pour la presse et les invités. J’étais encore en poussette quand il m’y a amené pour la première fois. Je pouvais aller avec lui derrière le podium et j’étais impressionné par les bus de tournée. Plus tard, j’ai vu des groupes comme Rammstein, Metallica et Rage Against the Machine. Petit à petit, j’ai commencé à aimer de plus en plus les festivals. Maintenant, si je dois choisir entre me produire dans un festival ou dans un club, je choisis résolument le premier. »
Pendant la période de la COVID-19, Gianmarco Cellini est parti en tournée avec Carbone, un spectacle de théâtre avec image, lumière, musique et danse autour de la migration italo-belge. Il a pris conscience de tout cela seul. « Pendant des années, j’ai ignoré mes racines italiennes. Je pensais que le monde entier ressemblait à Maasmechelen. Ce n’est qu’au lycée que j’ai remarqué que j’étais plus italien que je ne le pensais. Lorsque je suis allé étudier à Bruxelles, j’ai constaté que très peu de non-Limbourgeois connaissaient le passé minier de notre province. Lorsque je leur racontais, ils étaient surpris et écoutaient avec beaucoup d’intérêt. Cela m’a fait réfléchir. Je ne pouvais pas laisser cette histoire se perdre. »
« La mort de mes deux grands-pères en 2019 - l’un en août et l’autre en novembre - a renforcé cette conviction. Je sentais que je devais me dépêcher, car les migrants de la première génération étaient littéralement en train de disparaître. Ce spectacle était un hommage à tous ceux qui ont quitté leur pays pour un avenir meilleur. C’était aussi une exploration de ma double identité et de ma nationalité. J’ai plongé dans l’histoire de la famille et j’ai découvert beaucoup de belles histoires. Une anecdote m’a semblé particulièrement pertinente. Lorsqu’un de mes deux grands-pères est venu en Belgique, il a acheté de nouvelles chaussures. Pendant la marche entre son village et la gare, il n’a pas osé les porter, craignant qu’elles ne soient abîmées à son arrivée à Liège. Il voulait en effet faire bonne impression sur son pays d’accueil, alors qu’il ne savait même pas où il allait aller travailler. »
Gianmarco Cellini souligne qu’il est fier d’être originaire de Maasmechelen. « Certaines personnes quittent leur village quand elles déploient leurs ailes. J’ai fait l’inverse. Je vis en partie à Anvers, mais je suis toujours parfaitement conscient de mon origine. Plus mon monde s’agrandit, plus j’apprécie mes racines. Comme je l’ai dit, cette prise de conscience a eu lieu pendant ma période bruxelloise. J’y étudiais la gestion de l’innovation, mais je n’ai pas terminé mes études. Le lendemain de Pukkelpop, j’avais un examen de passage. Je ne suis pas allé le passer, mais je ne l’ai jamais regretté. »
Une période instrumentale a précédé son intérêt pour la musique électronique. « J’ai joué de la batterie et de l’harmonica dans un groupe, mais vers 16 ans, j’ai commencé à faire de la musique sur ordinateur. L’élément déclencheur a été une fête à Genk, où jouait Kiani & His Legion. C’est l’alter ego musical de Thomas Neyens, professeur de statistiques à l’UHasselt. Pendant son temps libre, il se passionne pour la musique house expérimentale. Il m’a ouvert les yeux sur la musique électronique. »