« Au Lycée, j’ai étudié la mode et la création. Très rapidement, j’ai remarqué que la nature commerciale du stylisme ne me convenait pas. Pour mes études supérieures, j’ai pour cette raison cherché mon créneau et je l’ai trouvé à l’Académie Willem de Kooning à Rotterdam. Tout comme moi, ils considèrent la mode comme un art. J’ai commencé la formation et dès le jour un, j’ai ressenti un lien avec la nature. La mode et la nature devraient toujours avoir pour objectif d’être durables selon moi. Elles doivent contribuer à notre nature, ne pas l’appauvrir. »
D’où vient cette volonté de faire de l’art durable ?
« Cela s’est fait de manière organique. En grandissant à Maasmechelen, vous passez la plupart de votre temps dans la nature. Le Parc national était littéralement mon jardin arrière. Quand j’ai ensuite déménagé à Rotterdam pour mes études, j’ai immédiatement été confrontée au bétonnage constant et à l’absence de nature réelle. Je me suis rendu compte que je considérais comme acquises la nature de Maasmechelen et la nature tout court. Je pense que c’est à ce moment que la graine a été plantée pour répandre autant que possible l’importance de la nature dans ma vie tant personnelle que professionnelle.
« La nature comme source d’inspiration » est une notion que vous avez prise au pied de la lettre tout au long de votre formation et de votre carrière. De la fabrication de textile en matériaux biologiques à la création de peintures textiles à partir de baies et de noix. Aujourd’hui, vous mettez davantage l’accent sur la nature en tant que finalité et non en tant que moyen. L’exemple le plus frappant est celui d’Eco-Warrior. Pouvez-vous m’en dire un peu plus à ce propos ?
« L’utilisation de la nature en tant qu’instrument était une expérience très intéressante et enrichissante, mais je voulais chercher un projet plus durable qui englobe la nature comme un thème et la cite moins au sens littéral.
C’est ainsi qu’est né Eco-Warrior. Je voulais travailler dans le domaine de l’upcycling. En donnant une nouvelle fonction à de vieux objets, je voulais montrer comment l’upcycling peut contribuer à l’innovation dans le monde. Chaque warrior représente un problème climatique différent. L’élévation du niveau des mers, le réchauffement climatique, la déforestation... sont autant de thèmes visualisés dans mes œuvres. J’ai commencé réellement à placer des objets du quotidien liés à ces thèmes sur des mannequins et j’ai rapidement trouvé des modèles rafraîchissants. Des silhouettes que je n’aurais jamais pu dessiner ou imaginer à la main. Les différents dessins et formes sont très anguleux et grandiloquents. Cela m’attire énormément dans la mode. Ils forment ensemble un contraste fort avec les formes organiques que vous retrouvez dans la nature. C’est justement ce contraste qui m’intrigue et qui m’a poussé à prendre la nature comme toile de fond pour la séance photo. »
La nature ne vous inspire peut-être pas autant en matière de design, mais elle joue un rôle crucial dans votre vie.
« J’ai besoin de la nature. Je vais volontiers me promener pour me changer les idées et mettre de l’ordre dans ma tête. L’environnement pur me ramène à moi-même, ce qui est essentiel pour ma santé mentale. Cet effet n’existe pas en ville. Je me sens aussi moins créative en ville, ce qui va à l’encontre de l’opinion populaire. Même si je crée des motifs qui ne sont pas « issus de la nature », je puise toujours ma motivation et mon inspiration dans la nature. Tant directement que subtilement. C’est la raison pour laquelle je suis revenue vivre à Maasmechelen. J’aime vivre près de la nature et je préfère faire une excursion d’une journée en ville plutôt que l’inverse. »